Dimanche 19 décembre, départ de Sal au Cap Vert pour le cap vert
du Sénégal avec une météo normalement favorable de vent
Nord-Nord-Est de 15 à 20 nœuds pour trois jours de travers. Nous
sommes toujours quatre bateaux à partir de Sal : P'tit bout II
avec Françoise et Jean-Charles, Betsy avec Valérie, Emmanuel et
Lucas (3 ans), Saltimbanque avec Céline et Jérôme et moi sur Balade.
Le voyage se fait assez tranquillement, la mer est agitée le
premier jour, elle se calme ensuite la vitesse est importante, 128
milles le premier jour, 132 le deuxième et 100 le troisième avec
les 20 derniers milles dans un vent moins favorable, le moteur a
donné de la voix, vent debout, pour l'arrivée entre Gorée et
l'anse de Hann où se trouve le Club de Voile de Dakar, très
accueillant.
Lors
de l'arrivée, à plus de 20 milles de la cote, je trouve des
pêcheurs sur de frêles embarcations de nuit et sans lumière !
Après la pèche qui dur deux à toris jours, Il rentre sur la plage
près du mouillage des plaisanciers pour débarquer le poisson dans
un marché très animé.
Noël approche à grands pas et nous terminons les derniers achats
pour le repas et les cadeaux dans un Dakar fou où la circulation
est épouvantable.
Mais avant de visiter Dakar, il faut utiliser le passeur qui nous
transporte du bateau au ponton du CVD (le Cercle de Voile de
Dakar) où nous sommes mouillés.
On voit bien le ponton et les bateaux au mouillage sur fond de
sable de bonne tenue. Les sportifs sur la plage sont les lutteurs
de l'équipe nationale du Sénégal !
Plus de 50 bateaux en permanence et une très bonne ambiance.
Nous prenons un taxi pour visiter Dakar et le centre ville,
1000F-CFA (1,52€), pour aller du CVD à la place de l'Indépendance,
lieu central où tout est concentré.
Le taxi passe devant la gare où les trains de banlieue et les
grandes lignes arrivent, il n'y a plus de train pour Saint-Louis
depuis deux ans, dommage, nous aurions voulu y aller en train !
Les trains fument autant que les camions et les voitures, une
vraie catastrophe écologique, insupportable pour nous, de plus ils
sont totalement bondés et roulent très lentement en klaxonnant
tout le temps, il n'y a pas de barrière aux passages à niveaux...
On n'est pas en France avec sa réglementation débordante :-)
La place de l'Indépendance, lieu symbolique, ou l'on trouve les
banques et les ministères. A partir de cette place partent les
différentes voies de circulations remplies de commerces.
Et des commerces, il y en a pour tout le monde, vous ne faites pas
dix mètres sans que l'on vous propose des montres, pantalons,
sacs, chaussures, ... très difficile de s'en défaire, et les
courses prennent un temps fou.
Après cette première visite, nous sommes rentrés au CVD et avons
mangé dans l'un des petits restaurants sur la rue en face. Très
local, sympathique, bon et pas cher, pour une fois.
Nous prenons un temps de repos après cette après midi mouvementée
et retournons en ville pour faire d'autres courses toujours aussi
enfumé...
Le temps passe, déjà la veille de Noël, alors chacun prépare un
petit plat et l'on se retrouve chez Besty pour le dîner de
réveillon.
Un petit apéro entre amis...
...un bon repas...
...et c'est l'heure des cadeaux avant le dessert ! La bonne
ambiance règne et on rigole bien, le gâteau est encore un peu
liquide, mais très bon !
Le jour de Noël est passé chez P'tit Bout II, le beau bateau de
Françoise et Jean-Charles, ici en amoureux. Le foie gras et le vin
blanc sont appréciés de tous.
C'est quand même surprenant de passer Noël avec une température de
25°C et du soleil, alors qu'il neige un peu partout en France !
Et oui, il y en a qui n'ont pas de chance, être né entre Noël et
je jour de l'An, quel gâchis de cadeaux ! On fait avec, moi et mon
égo !
Ceci étant, je prépare ma spécialité, un 4/4 au chocolat !
Moussa, le passeur, est tout surpris de voir passer un gâteau tout
chaud devant son nez !
Voila, le moment est immortalisé, j'enfile la chemise et j'admire
la superbe sculpture de la porteuse d'eau africaine, magnifique !
Remarquer, au passage, le beau gâteau, il n'en reste plus,
maintenant. A l'année prochaine, mais je ne suis pas pressé...
Après ce jour mémorable de décembre, nous décidons de partir en
balade à Saint-Louis du Sénégal, mais voila, pas de train, les
taxis sont trop chers; on décide de partir de la gare routière,
une belle aventure commence.
Donc, nous voici à 8h30 devant un amoncellement de véhicules de
toutes sortes et dans tous les états ! Un monde fou, des odeurs
diverses. Vous allez où ? Venez ici, c'est moins cher ! Ce bus
part dans 5 minutes, venez !
On nous tire de tous les bords pour embarquer dans un bus en
partance pour Saint Louis, en fait, la veille nous sommes déjà
passés et avons réservé cinq places dans un bus, et notre
'cherman' arrive pour nous guider vers le bus en question. Il est
vide !
Il est 9h, on nous installe puis nous attendons que le bus se
remplie, 3h30 d'attente avec des vendeurs ambulants qui passent
régulièrement tenter leurs chances. Enfin le bus est plein, et
quand on dit plein c'est bourré que je devrais dire. Plus un
endroit où s'asseoir, je suis coincé entre la vitre et un grand
gaillard, commerçant de son état, qui rentre chargé à Saint Louis.
Le bus démarre et nous sortons enfin de cette zone infernale où
bruits et odeurs sont au maximum.
Nous prenons l'autoroute, heu une route à quatre vois sans
barrière, pour sortir de Dakar, la route est belle et le bus
s'ébranle tranquillement, premier arrêt, des gens descendent,
d'autres montent, cela sera régulier tout au long des 264 km que
mesure le parcours.
En fait, il y a un préposé à l'arrière du bus qui signale, en
tapant sur la tôle que des gens veulent descendre, et le bus
s'arrête sur l'autoroute ou la route...
Nous continuons à traverser la banlieue de Dakar, il y a de tout :
des poules sur le bas coté, des moutons, des charrettes à chevaux,
des légumes, des meubles, des réparateurs de voitures ou de
camions... et nous somme bien sur l'autoroute !
La circulation est intense, les chauffeurs ont bien du mal à
circuler dans cet enchevêtrement de camions, charrettes, voiture
et autres véhicules avec des chèvres et moutons qui traversent de
temps à autre.
Les femmes sont souvent habillées de belles couleurs et les mama's
sont superbes avec leurs sourires pleins de joie de vivre.
Les charrettes sont immatriculées comme les motos, mais le code de
la route n'est pas toujours respecté.
Et puis après une bonne heure, nous commençons à voir la savane et
les premiers Baobabs, l'arbre de l'Afrique, dix mètres de haut et
jusqu'à vingt-cinq mètres de circonférence, bien assit sur un sol
calcaire, il tombe quand même lors des tempêtes, les racines ne
pénètrent pas assez le sol.
Le fruit du baobab est comestible, mais je n'en ais pas encore
goûté.
Les commerces sont souvent recouverts de pub, comme ici avec cette
boutique de brique !
Enfin, après 5h30 de route et une multitude d'arrêts, nous
arrivons à Saint-Louis, la ville sur une île, relier par deux
ponts, l'un du côté Nord, l'autre au Sud. Le pont du côté Nord est
une œuvre d'art de sieur Eiffel, avec une partie tournante pour
laisser les gros bateaux passer, mais cela ne fonctionne plus
depuis longtemps. En y regardant de près, l'entretien est
inexistant et le pont est en train de mourir, les tôles d'acier
sont attaquées jusqu'à l'âme et dans quelques années il
s'écroulera si rien n'est fait.
Ceci étant, c'est une belle construction, l'autre pont est plus
récent en béton, l'ancien pont n'est plus utilisable totalement
bloqué à toute circulation.
Le vieux port de commerce n'est plus utilisé, le pont étant fermé,
le quai est dessert.
Dans l'une des échoppes, nous avons pu assister à la dernière
présentation de mode, ici, la jeune mannequin, nous présente une
superbe robe du soir de couleur brun-rouge du dernier effet. Manu
n'en reviens toujours pas !
Au bout de ce quai trône une grue à vapeur, la seule du Sénégal,
mise en service en 1880 et arrêtée en 1948, elle est encore en bon
état. Elle servait à décharger les locomotives et les charges
lourdes jusqu'à vingt tonnes. Le câble était inexistant à
l'époque, c'est donc une chaîne comme celle des vélo qui était
utilisée pour soulever les charges, le crochet est aussi d'époque
:-)
L'île de Saint-Louis est relativement propre et bien entretenue,
mais les maisons chics côtoient sans problème les maisons modestes
dans la même rue.
En passant le deuxième pont, nous voyons les pirogues de pêche
remonter le fleuve Sénégal pour livrer le poisson au mareyeur. Ils
partent cinq jours en mer avec sept marins et un capitaine dans
une embarcation assez rudimentaire de vingt mètres de long, avec
un seul moteur de 40CV et du riz pour toute nourriture, quel
courage !
D'autres s'occupent de refaire la route au bord du fleuve, une
belle route de béton avec une bétonnière ancienne réparer des
centaines de fois, la batterie est par terre et il décharge la
benne, elle est trop lourde pour le pauvre moteur qui n'en peut
plus. Mais le travail qui en résulte est remarquable et très
propre, comme quoi, l'outil est usé mais la volonté est présente.
Nous traversons la ville des pécheurs pour voir la plage et la mer
qui s'étendent sur des kilomètres. Les têtes de poissons et les
odeurs sont omniprésentes, les enfants jouent sur le sable entre
les moutons qui cherchent de quoi manger. Plus de quatre mille
pirogues sont installées, sur plus de dix kilomètres, une partie
de la plage est réservée au salage et au séchage du poisson, sur
plus d'un kilomètre.
Des chevaux attelés à des charrettes transportent le poisson du
bateau aux aires de salage et de séchage.
Le poisson est nettoyé puis étalé sur des grilles en fer pour
sécher, ensuite il est salé pour être transporté vers les pays
africains du centre.
L'odeur est très forte, mais on s'y fait, un capitaine nous
accompagne et nous donne une foule d'information sur son métier et
le traitement du poisson. Contrairement à ce que pourrait penser
un Français moyen, il est très cultivé, nous parles de politique
et d'art, comme quoi !
Après cette visite de quatre heures, nous retournons à l'hôtel
pour nous reposer et manger un couscous sénégalais, c'est fait
avec du mil et du poulet, très bon.
Il faut déjà repartir, Jean-Charles prépare son appareil devant
les enfants médusés de son professionnalisme. Remarquez l'air
sérieux du spécialiste devant la bête ! Nous ne sommes pas revenus
par le même moyen de transport, nous avons opté pour un
taxi-brousse de sept personnes plus le chauffeur qui s'est rempli
en cinq minutes, ouf, il ne s'arrête pas toutes les trois minutes
ce qui nous enchante.
Donc, 3h30 plus tard, nous arrivons à Dakar. Ah Dakar et sa
pollution !
ici un transport de vingt places, le même qu'à l'aller, crachant
sa fumée noire comme une veille 'loco' à vapeur.
Donc, Saint-Louis est une belle ville à visiter avec le marché aux
poissons à découvrir, une ville île surprenante.
Nous voila réuni pour le réveillon de la Saint Sylvestre, autour d'une table du bar du CVD (centre de Voile de Dakar), pour passer une soirée animée par un groupe local de Djembé qui vient du port de pêche tout proche.
L'ambiance est bon enfant, le barbecue chauffe en attendant le
poisson, de la lotte et les pommes de terre en papillote dans la
braise...
Nous sommes une vingtaine de bateau à fêter ce passage d'année.
Le téléphone crépite des appels et autres SMS des parents et
enfants : ici Jean-Charles en grande conversation avec ses
enfants.
Le poisson est déjà entamé, le vin coule, la musique et les chants
sont d'une qualité remarquable et la température clémente, 18°C,
nous avons gardé les polaires pour la photo.
Le rythme endiablé de la musique nous pénètre tranquillement, le
groupe commence à s'animer d'une danse bizarre, entre rock et
salsa.
Françoise est bien partie.
Et après cette euphorie, Jean-Charles nous prépare ça spécialité :
Le chichiwawa, dans un bol, le verre est trop petit.
Chacun goûtera cette mixture douceâtre et en redemandera.
Le maître de cérémonie en pleine action de grâce, termine le bol.
L'heure fatidique est maintenant passée, chacun se congratule et
s'embrasse en se souhaitant plein de bonne chose pour cette
nouvelle année calendaire qui démarre.
Donc, bonne et heureuse année 2005 à tous, que la force soit avec
vous, comme dirait Maître Yoda.
Nous allons visiter l'île de Gorée, première possession française
et capitale du Sénégal pendant longtemps. Le bac est assez grand
pour les deux cents personnes qui attendent avec nous, pour
traverser les deux kilomètres qui séparent Gorée de Dakar.
Le ponton est dans le port de commerce et les gros bateaux sont en
cours de chargement-déchargement.
Après un quart d'heure de mer, l'île qui n'a pas cessé de grossir
est bien en vue. Longue de huit cents mètres et large de trois
cent, elle culmine à cent dix mètres recouvert d'un fort et d'une
effigie à la mémoire des esclaves déportés de cette île vers
l'Amérique...
Dans un lieu à majorité musulman, la présence d'une crèche est
toujours une surprise !
Bien entendue, les échoppes grouillent sur toute l'île avec des
couleurs et des objets d'une beauté peu commune.
Nous arrivons à l'une des anciennes maisons où les esclaves
étaient préparés pour le long voyage, une reconstitution de
l'Unesco, l'on voit sur cette carte d'époque, la configuration de
l'île, avec le fort à droite et le port à gauche.
La maison des esclaves est visitée par beaucoup de Sénégalais en
mémoire à leurs ancêtres, une exposition retrace le périple de la
capture, dans le sang, jusqu'au départ de l'île, histoire peu
glorieuse de nos ancêtres.
La statue devant cette demeure est éclatante de vérité, les
chaînes brisées, le couple enfin reformé repart pour une vie de
liberté.
Le reste de l'île, très propre, est chaleureuse, les vestiges de
l'ancienne garnison traînent de-ci delà.
Nous repartons vers le quai pour rentrer au CVD, manger un
'Tiboudienne', plat de riz à la sauce poulet.
Pas de repos pour les héros, nous repartons en visite, cette fois
au Lac Rose, célèbre par l'arrivée du rallye Paris-Dakar. Pas de
transport en commun disponible pour ce périple, nous louons deux
taxis et partons sur la route pour ce lac si connu des Français.
En chemin, nous croisons beaucoup de camions comme celui-ci,
remplis d'arachide. Il touche les fils électriques et roule à
l'allure des tortues.
Le lac apparaît à la sortie d'un virage, vision d'un mirage qui
s'éclaircit au soleil, rempli de barques, mais sans oiseaux ! Les
fameux flamants roses ne sont pas là, dommage.
Par contre, nous retrouvons de célèbre photographe, et oui, sir
Jean-Charles dans ses œuvres immortelles.
Bon, ceci étant, nous sommes venus voir le
lac rose et il est bien rose. En fait, c'est une algue
microscopique qui donne cette couleur à l'eau saumâtre aussi salée
que la mer morte (320 g/L).
Plus de mille barques s'alignent sur la côte Sud du lac qui fait
huit cent mètres de long sur trois cent de large, comme l'île de
Gorée. La profondeur maximum est d'un mètre soixante-dix
seulement, la mer est à moins de deux kilomètres à l'Ouest.
Les vingt-cinq kilogrammes de sel sont vendus 1000F-CFA (1,52€)
seulement ! Les barques sont louées à la journée pour un tas de
sel sur trois.
C'est très dur, mais même des femmes avec leurs enfants en bas age
accrochés sur leur dos, transportent le sel !
Les gens travaillent trois mois et habitent sur place dans un
village de hutte.
À côté de ce dur travail, un campement se met en place pour
l'arrivée prochaine du Rallye qui fait tâche dans l'ambiance
local.
Bien sûr, les locaux ne profitent pas des retombées du Rallye,
sauf quelques préparateurs du site qui ressemble à une prison.
Le taxi nous ramène vers le village pour manger, quand, tout d'un
coup je crie au chauffeur de s'arrêter !
C'est bien Armelle et Gilles qui arrivent sur leurs bicyclettes,
qu'ils ont transportées depuis La Rochelle jusqu'au Spitsberg pour
les utiliser ici, au Sénégal !
Nous avons mangé ensembles et nous nous sommes retrouvé à Dakar
par la suite.
Près du lac pousse quelques baobabs, dont un exemplaire encore
fleuri avec ses fruits, gros et superbes.
L'océan et la grande plage de sable fin et blanc qu'emprunte les
concurrents du Rallye juste avant de passer au bivouac.
Retour à Dakar et la visite du 'port' de pêche, étrange marché où l'on trouve de tout, dans une ambiance de fête avec musique tous les soirs jusqu'à tard dans la nuit.
Le port de pêche vu des bateaux de plaisances.
En se rapprochant, les couleurs et les odeurs apparaissent.
Une petite station essence est cachée parmi les barques; celles-ci
sont déchargées dans l'eau par des porteurs spécialisés.
Une fois la barque vide, elle repart avec les pécheurs vers une
extrémité de la plage pour être sortie de l'eau sur des rondins de
bois pour la nuit.
Le va et vient est incessant, pendant une grande partie de la
journée.
Et ce sont les femmes qui vendent le poisson, les hommes sont sur
les barques.
On vois en arrière plan les bateaux de plaisance du Cercle de
Voile de Dakar, plus de soixante voiliers sont présents.
Cinq bateaux était présents : Françoise et Jean-Charles sur leur
beau bateau (P'tit bout II) de gauche à droite : Ronan et Katell
(Coriana) Céline (Saltimbanque), Bérengère et Thomas (Mohie).
A gauche Jérôme (Saltimbanque), Muriel et Sébastien (Va Nu Pieds).
Au fond, heu moi et au premier plan Françoise.
Enfin, le maître des lieux Jean-Charles, en pleine discutions sur
le chemin à suivre, carte à l'appui.
Une très bonne équipe en somme.
Merci au divers photographes qui ont œuvré pour cette composition.
La suite du voyage dans le Chapitre 10.
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