Dimanche 14 novembre, c'est le départ des Canaries pour le Cap
Vert avec une météo normalement favorable de vent Nord-Est de 15 à
20 nœuds pour les quatre premiers jours. Nous sommes quatre
bateaux à partir du port de La Restinga de l'île de Hierro, la
plus au Sud de l'archipel des Canaries. Il y a Ptit bout II avec
Françoise et Jean-Charles, Betsy avec Valérie, Emmanuel et Lucas
(3 ans), Saltimbanque avec Céline et Jérôme et moi sur Balade.
Je pars le premier, car c'est le plus simple, suivi par
Saltimbanque puis Besty et pour finir Ptit Bout II qui était
encore le long du quai avec les deux ancres en travers, pas facile
comme manœuvre pour sortir du port.
Le vent est un peu plus fort que prévu, 20 à 28 nœuds d’Est et la
mer est croisée avec houle de Nord-Ouest et houle secondaire de
Nord-Est de 2 à 3 mètres. Le bateau bouge pas mal, je suis au cap
210° et j’oblique à l’Ouest cap 240° avec un bateau est plus sage,
je suis bien plus heureux.
Je me dis qu’avec la bascule Nord-Est qui doit arrivée, je
rattraperais l’écart de route sans problème. Donc Balade
avance entre 5 à 8 nœuds en surfant les vagues, nous parcourons
136 milles le premier jour, puis 134 milles le second et 116
milles le troisième jour, soit près de la moitié du parcours,
super !
En fait, cela ne va pas continuer car le vent s’arrête pour trois
jours et le moteur commence à supplanter le vent dans un bruit qui
devient vite fatiguant...
Le cinquième jour, je passe une grande partie de la journée sans
vent et sans moteur, à lire tranquillement, installé sous le taud
de soleil qui lui est bien présent, une douce température de 33°C
à l’ombre cool, avec à peine assez de vent pour gonfler le spi et
faire avancer le bateau à 0,8 nœuds... sur une mer très calme.
Après cette accalmie, le vent est enfin revenu et le contact radio
a été rétabli avec Saltimbanque qui est à 5 milles derrière moi,
je ralentis à 2 nœuds pour les attendre alors que j’avançais bien
à 4,5 nœuds sous régulateur d'allure, puis nous discutons 2 bonnes
heures avant de nous séparer pour la prochaine nuit qui sera la
dernière en mer de ce voyage.
Je ralentis encore pour ne pas arriver de nuit sur l’île de Sal
et au petit matin avec un soleil qui se lève dans une brume
légère, l’île apparaît enfin, une grande partie de la nuit je n’ai
vu que les lobes lumineux des villes au loin (appeler aussi
pollution lumineuse pas les astronomes.)
J’arrive le dernier, après le levé du soleil, mais avec un accueil
des plus chaleureux et même la présence de Néos, le super Cata de
Christine et Denis que j’avais rencontrer la première fois à
Graciosa.
Une semaine pour faire 710 milles de dimanche à dimanche et 48
heures de moteur seulement pour moi.
Après le mouillage près de Néos, apéros sur Ptit Bout II qui son
arrivé les premiers la veille au soir avec 75 heures de moteur,
suivie par Betsy puis Saltimbanque.
Le plus remarquable, c’est que RFI indiquait du vent de Nord-Est 3
à 5 Beaufort alors que nous étions tous dans le calme le plus
complet, intéressant n’est-il pas !
Le lendemain, premier contact avec les Capverdiens, très bon avec
une gentillesse sage, bien meilleur que les Canariens. Petite
visite à la police locale pour faire tamponner le passeport et
visite aux affaires maritimes pour l’enregistrement du voilier,
avec des personnes sympathique et souriantes.
Le court de l'escudo Capverdien est de 110 escudos pour 1 € en
novembre 2004 et le gasoil est à 0,41€ le litre, vue la ‘pétole’
que l’on a eu, cela tombe bien. J'ai refait le plein complet avec
une opération super géniale ... non.
En fait, il est interdit d'entrer des bidons en plastique dans la
réserve à carburant, donc ils remplissent un fond de bidon de 200L
de gasoil et avec un seau on le vide dans les bidons devant la
porte.
Pour faire de l'eau,c'est simple, vous aller au centre du village
et vous faite la queue et après un certain temps, on remplie les
bidons 80L pour 25 escudos !
On profite de l'endroit calme et du beau fond marin pour faire le
baptême de plongée à Léo, Denis et Christine du Néos, c'était
génial.
Puis visite à la Capitale de l'île et du Cyber, très très lent et
chère.
Et voila, c'est le départ pour la baie de Santa Maria au Sud, avec
une belle plage de sable blanc. Navigation sous génois seul avec 5
nœuds de vitesse et un courant d'un nœud de face.
Info pour Jean : les panneaux solaires maintiennent en charges les
batteries et permettent de jouer à l'ordinateur sans problème avec
le réfrigérateur qui tourne en permanence, cela tiens trois jours
sans soleil.
Mouillage sympathique avec musique en ville tout les soir, un peu
rouleur mais parfait pour s'endormir.
Petite plongée sur un double tombant, un à 18 m et l’autre entre 5
et 8 m avec une vieille épave d’un gros vapeur à 5 m, super.
Le lendemain, visite de la saline crée par un français en 1849
dans un cratère de volcan et reprise pas les salins du midi au
début du siècle dernier, maintenant elle est encore exploitée pour
les îles du Cap Vert.
La structure d'époque fonctionne encore par endroit !
L'ancienne base de départ des chariots remplies de sel.
Une vue générale du volcan.
Le sel est transporté par tracteur, du site de récolte au site de
distribution en dessous, où le broyeur d'époque est toujours en
activité.
Les bacs de transport sont en place, dans l'ancienne usine de
traitement du sel.
Nous avons utilisé les taxis locaux pour faire le tour de l'île
avec des tarifs raisonnables : 500Escudos pour aller à la capitale
et 300 pour la saline.
Chose surprenante, les chauffeurs ne sont pas propriétaires de
leurs voitures, heureusement, c'est un Cap Verdien qui l'est, vu
le nombre important d'Italiens sur l'île...
Cela conclut la visite de l'île de Sal.
Nous sommes parti pour l’île de Boa Vista à 25 milles au Sud,
P'tit Bout II et Balade, belle navigation avec un vent de
Nord-Est de 5 Beaufort et une mer un peu agitée. 6 heures plus
tard et 27 milles parcourus, nous jetons l'ancre dans la baie de
Sal Rei de Boa Vista, belle plage de sable blanc, petite ville
avec de belles places entièrement pavées (ah mai 68, sous les
pavés, la plage.)
Le plan de l'île avec ses deux routes et le reste en piste.
Discussion animée avec un sénégalais vendeur de bibelot qui nous
raconte son périple et son grand désir de rejoindre la France pour
y travailler, malheureusement un grand classique du rêve européen
véhiculé par la télé.
Le terrain est plutôt aride avec de belles routes de pierre
réalisées il y a plus de cent ans pour les plus anciennes et les
plus étroites, et refaites en deux voies pour les plus récentes.
Un exemple de route réalisé par les Portugais aux abord des
montagnes, vitesse limité à 40 km/h, impossible de rouler plus
vite ici !
Dans une zone privée, une grande grotte creusée par la mer est
accessible par une belle plage de sable blanc, notre chauffeur
'Bienvenue' est très sympathique et joue avec Lucas à chaque
arrêt.
De temps à autre, une oasis apparaît avec des puits d'eau douce,
la saison des pluies étant de mai a octobre, c'est la période de
grande culture, le reste du temps la terre est trop sèche.
L'âne est toujours un moyen de transport pour les habitants des
petits villages.
Plus on va vers le Sud, plus la végétation disparaît pour laisser
le sol d'origine, des roches et des cailloux le long de 17Km de
plage de sable blanc immaculée.
L'un des six Baobabs de l'île, on voie le vent dominant par
l'inclinaison des branches et des feuilles.
Un autre Baobab, le plus gros, cette fois.
Dans une oasis du Sud, nous avons goutté à la noix de Coco locale,
très bonne et rafraîchissante.
L'une des deux cents épaves de l'île, malheureusement pas toutes
marquées sur les cartes, pour faire de belle plongée, une épave
c'est super !
Le mouillage vu de la petite île de Sal Rei où un ancien fortin
avec six canons gardait la baie contre les pirates, le trésor
n'est pas loin !
Nous terminons la visite de l'île par un très bon restaurant sur
la place centrale de Sal Rei, (en face du cyber municipal) avec
des tarifs très raisonnable et partons le lendemain pour Sao
Nicolau pour moi et Besty, et Sal pour P'tit Bout II.
Un départ à 14h pour une navigation de nuit vue la distance à
courir 91 milles. La mer est calme dans la baie, mais elle est
plus agitée au sortie de l'île où le vent souffle de travers à 5
Beaufort en levant une mer qui mouille un peu, j'arrête de lire et
contemple le ciel et la mer qui change de couleur avec le coucher
du soleil. Le régulateur d'allure assure la conduite du bateau et
Besty reste visible au loin, même vitesse même cap 286°. Au petit
matin, l'île est bien là, le vent a un peu tourné, le bateau se
dirige droit sur l'île, je suis à plus de 3 milles de celle-ci
quand je change le réglage du régulateur pour aller au 250° et
passer la pointe Sud de l'île pour revenir au Nord au port de
Tarrafal.
Mouillage par 9 mètres de fond de sable noir cette fois. La ville
est propre et calme, petite visite dans la journée et rencontre
d'un petit bateau français Julien et Pierre sur un Dufour 2800. Il
n'y a que des Français dans le port, neuf bateaux, neuf
Français !
Le lendemain, visite de la capitale de l'île à 26Km de l'autre
côté par une route de pierre et un 'Aluguer' complet au départ.
Nous montons à 1200 mètres sur la face Ouest de l'île, superbe vue
de la vallée, puis redescendre pas la face Est pour aller au Sud
vers la capitale de l'île par la route côtière.
La cote Est est très humide et la végétation est luxuriante,
cannes à sucre, haricots, patates, maïs, bananes... poussent
abondamment.
Dans la ville le béton brut côtoie les vieilles maisons de pierre
recouvertes de chaux et les magnifique demeures des religieux !
D'étonnants arbres poussent un peu partout, avec des couleurs
rouge, vert, brun dans une verdure étrange sur ce sol volcanique.
Dans le bus de retour, nous accompagnent des coqs à l'oeil aux
aguets dans une musique rythmée et chantonnée par les femmes tout
au long du trajet.
L'arrivée à Tarrafal, où les travaux publiques sont en train de
poser les câbles électriques dans la chaussée : dépierrage, pause
des câbles et repierrage, un travail de romain moderne ! La
circulation continue pendant les travaux.
Comme aux Canaries, chaque île est différente, le climat, la
hauteur, la forme, mais les gens eux sont authentiques, simples et
ouverts, au Cap Vert.
Après la visite de l'île, nous repartons vers l'île de Sal pour
nous rapprocher du Sénégal, suite du voyage pour les fêtes. C'est
le départ avec du vent du Nord à 2-3 Beaufort et une mer assez
calme. 23 heures de navigation, donc une petite nuit au large pour
arriver le soir à Sal.
Quatre jours à Palmeira sur Sal pour faire le plein de Gasoil, un
peu de pain, un restaurant local et discuter avec les bateaux
amis.
Les décorations de Noël sont déjà en place et un ange passe,
lorsque nous décidons de faire une petite visite à un restaurant
typique, dans l'arrière cours d'une maison. Au dîner, heu...
langouste !
Le tout en bonne compagnie, puisque la mère et la sœur de Jérôme
étaient de la partie.
Le dix-neuf (tiens c'est bizarre), départ vers le Sénégal.
Mais c'est une autre histoire, voir le Chapitre
9.
Avez-vous des commentaires à faire ? Si c'est le cas, n'hésitez pas à m'envoyer un éMail, merci.