Mardi 17, la météo est moyenne, du sud-ouest 3 à 4 Beaufort sur
24 à 48 heures, donc du près (beurk), puis du nord et du nord-est
pour finir. Les prévisions à long terme indique une dégradation,
alors je pars...
En effet, le près n'est toujours pas terrible et je donne à manger
aux poissons pendant deux jours et demi, puis le vent tourne et je
peux enfin manger correctement rien que pour moi ! Je termine le
livre 'Mars la rouge' et commence 'Mars la verte', car quand les
conditions sont au soleil, je m'installe confortablement sur la
mousse du cockpit et je lis, dérangé de temps à autre par les
dauphins qui sautent juste à côté ! C'est très dur de naviguer
dans ces conditions, vous comprenez !
Ah, il y a aussi les cargos qui passent au loin, un de temps en
temps, la nuit c'est le radar qui les signale par son alarme, et
je saute dans le cockpit pour les voir passer et profite du ciel
étoilé pour observer la voie Lactée, la lune et les planètes. La
constellation d'Orion se lève au matin complètement inclinée sur
l'horizon car je m'approche de l'équateur.
Donc, un peu dur au début et une fin agréable, avec l’île de Porto
Santo qui apparaît à 35 milles de distance pour une journée avec
soleil et nuages qui jouent à cache-cache.
Cinq heures plus tard, je passe entre la grande île et la petite
sur la gauche de la photo, et j’arrive sur le mouillage près du
port. Oh surprise, Gibsy III est déjà mouillé, ils sont arrivés à
11h30 alors que je pose l’ancre à 17h50. En fait, ils ont fait une
route plus sud avec des conditions un peu meilleures.
Pour Pierre (le grand spécialiste de la préparation), tu avais
raison, les vis (4 mm) de fixation du support du pilote sur la
barre était un peu faible, elles ont cassés lors de la traversée !
Je vais les remplacer par du 5 mm.
Une chose remarquable, en plein milieu de nul part, hors des
routes des cargos, un pétrolier vide était en panne de moteur, je
suis passé à 10m de son arrière, une vue impressionnante, un marin
avait lancé un fil de pêche en attendant que le bateau reparte,
une demie heure plus tard.
L’île est d’origine volcanique, il n’y a pas de doute, quelques
chèvres broutent une herbe bien pauvre, cela monte dur, mais le
paysage est fantastique, des couleurs changeantes, des cactus, et
une reconstitution d’éolienne de l’époque pour les cannes à sucre
qui poussent sur l’île.
Entre le bleu de l'océan, le rouge de la terre et le vert des
cactus, le jaune de certaines fleurs égaille ce panorama.
Les éoliennes posées à 261m de hauteur juste au dessus de la baie
où la plage de sable s'étend sur toute la surface.
La plage avec l'ancien débarcadère qui situe le centre ville de
l'île, le port a remplacé l'usage du débarcadère qui est
maintenant utilisé par les baigneurs comme plongeoir.
Le mouillage est tout proche du port avec une profondeur de 4 à 6
mètres, l'eau est très claire et l'on voit l'ombre du bateau sur
le fond !
La météo doit se dégrader demain, alors départ vers l'île de
Madère à 30 milles, avec du vent de nord-est 4 à 6 Beaufort et mer
de 2 à 4 mètres ! Ça va être chaud, mais c'est du vent arrière,
cap 220°, donc assez tranquille au début, puis un peu perturbé en
arrivant sur l'île, mais passé la pointe Balvavento, qui porte
bien son nom, la mer se calme d'un coup, reste le vent.
Une mer croisée donne quelques belles vagues pyramidales où le bateau hésite et quelquefois dérape dans une grande gerbe d'eau écumeuse, ou bien il surfe comme un fou avec des petites pointes à 8,5 nœuds.
Gibsy III qui est devant, ils partiront directement sur Funchal,
le port principal de l'île.
La pointe Balvavento avec son phare, son vent et ses vagues !
Un super mouillage est présent juste après avoir contourné la
pointe, et une nouvelle marina ouverte en novembre 2002, pas
encore terminée, est placée juste à coté, et vue les conditions
météo annoncées, je vais utiliser la marina où un bateau
surpuissant vient à ma rencontre pour me diriger, le service est
top, mais le reste est à faire, la marina est loin de la ville,
coincée entre la mer et la falaise volcanique d'un marron-rouge
martien ! Ils n'ont pas encore prévu de bus pour aller à la
capitale Funchal, l'eau et l'électricité sont en plus (2€ chaque
par jour) et les prix sont un peu chers par rapport au service
(avis pour les autres navigateurs).
En discutant avec les voisins (ne pas oublier le coté relationnel
du voyage), je parle avec mon voisin immédiat, un Canarien,
m'informe que le port de Funchal n'est pas terrible, beaucoup de
houle entre et les bateaux roulent pas mal. Après discussion avec
des Français, il semble que cela dépende de la météo, donc
j'attends demain 11h40 TU pour écouter la météo de RFI en BLU sur
mon petit poste à fréquence numérique, le gros poste analogique ne
donnant pas une qualité d'écoute satisfaisante.
On verra ça demain, puisque c'est ma prochaine étape, la marina
n'étant pas pratique pour visiter l'île.
Après avoir pris la météo qui reste clémente, je pars après le
déjeuner et un petit café pris à la cabane de la plage (de galet)
en direction de Funchal en longeant la côte à moins d’un mille.
J’ai donc vu les différents abris signalés dans le guide ‘Les îles
de l’atlantique’, qui date un peu (1999) dernière édition. Les
abris ne sont pas très populaires pour les plaisanciers, aucuns
voiliers à l’horizon.
Par contre, la piste de l'aéroport, ou plutôt le porte avion est
visible de loin avec ses multiples piles de béton de 50 mètres de
haut ! Une belle approche acrobatique, il est assez rare de voir
un Airbus prendre une belle courbe serrée à droite entre la
montagne et le porte avion, je m’imagine bien à bord de l’ex
Pottier (mon petit avion) atterrir sur ce terrain pour le moins
commode.
Après quatre heures de balade à 4 nœuds de moyenne, j’arrive sur
la baie de Funchal, où je retrouve Gibsy III au mouillage, et je
me prépare à jeter l’ancre quand un skipper d’un bateau local me
propose de prendre la bouée juste derrière moi, elle est libre
pour quelques jours, me dit-il en anglais. Donc, j’attrape les
deux bouts de la bouée et le tour est joué.
Rangement du bateau, amarres, par battes, pilote, coussins,
livres…
Quelque temps
plus tard, André et Chantal reviennent de leur promenade en ville
et me proposent de sortir ce soir après dîner avec leur annexe.
Donc, petite promenade nocturne pour flâner et localiser le super
marché afin de faire l’avitaillement avant le départ vers les
Canaries.
En fait, le super marché est juste derrière le marché couvert à
cinq minutes du port vers l’est. Je ferais les pleins vendredi,
car demain, nous allons faire un tour en bus (ligne 139, coût 10€
aller-retour, arrêt devant le port) vers l’extrémité nord de l’île
en passant par le centre. Très belle vision avec les différentes
végétations qui recouvrent l’île, le climat est aussi changeant en
fonction de l’altitude, le plus haut col que nous ayons passé
était à 1006 mètres.
L'arrivée sur la côte nord est distrayante, de gros travaux sont
en cours pour faire passer la route de la côte dans des tunnels
plus sécuritaires, le bus slalom entre les camions et les
équipements de chantier sans plus d'attention que cela ! La côte
nord, qui reçoit les tempêtes, est beaucoup plus déchiquetée que
la côte sud, donc moins habitée et plus sauvage.
La journée se passe avec un arrêt de quatre heures à la pointe de
Monix où une piscine d’eau de mer est l’attraction principale.
Le mouillage de Funchal est assez rouleur, mais permet un sommeil
calme, bercé par la petite houle qui entre tout le temps.
Aujourd'hui vendredi, c'est l'avitaillement le matin (internet
aussi), et visite de la ville et des jardins supers.
Météo locale : 1016 hpa stable, 82%H, 26,5°C, soleil, pas de vent,
mer calme, eau à 27°C.
Le samedi matin, je prépare le départ de Madère pour les
Canaries, 250 milles à parcourir avec un vent de travers au NE 2 à
4 Beaufort selon la météo. Un dernier regard sur cette île trop
urbanisée où les gens sont très accueillants.
La suite ... dans le Chapitre 7.
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