Le texte de ce chapitre a aimablement été écrit par Cathy du
bateau Taoumé (grande écrivaine)
qui nous raconte cette étape (les photos sont de Jean-Nono).
En voici l'expression :
C'est finalement le 5 mai que Taoumé et Balade quittent le
Marin (Martinique). Le temps de faire les formalités et quelques
derniers achats et il est déjà 10h00. Nous avons le cœur gros de
laisser nos amis du Grand Bleu. Ils vont travailler en Guadeloupe
et nous ne les reverrons que l'année prochaine. Snif, snif, ils
vont nous manquer car nous avons vraiment partagé beaucoup de
choses. Leur gentillesse, leur serviabilité et leur simplicité
nous ont conquis et nous les quittons à regret. Une fois dans le
chenal, nous nous apercevons que nous n'avançons guère ! Nos
carènes sont sales et nous décidons de faire halte à Sainte Anne
pour les nettoyer dans l'eau claire. Nous mettons presque une
heure pour parcourir les deux miles qui nous séparent de ce
mouillage, c'est dire que vraiment, le nettoyage s'impose !
Nous retrouvons Mercedes et Carmelo qui nous invitent aussitôt à
venir partager leur repas le soir. Après un rapide déjeuner, nous
nous mettons au travail. Nous avons la bonne surprise de voir
arriver Barbara et Joaquim en annexe. Dès que ce dernier est
endormi, Barbara se met à l'eau et nous donne un bon coup de main.
Nous travaillons plus de deux heures pour venir à bout de Taoumé
et allons ensuite aider Jean-Noël pour finir Balade. Ce n'est pas
un luxe ! Pendant le mois que nous sommes restés au marin,
algues et coquillages se sont fait un plaisir de s'installer sous
les bateaux. Vers 17h, Barbara et Joaquim nous quittent et le
soir, nous allons retrouver nos amis d'Apaboi. Nous passons une
très bonne soirée et pensons les revoir au Venezuela car eux,
descendent directement.
Le samedi matin, nous allons rapidement chercher du pain et
démarrons vers 8h, en direction de Sainte Lucie. Dés que nous
avançons, nous constatons que les bateaux glissent beaucoup mieux
sur l'eau. Nous avons largement gagné au moins deux nœuds. Nous
longeons la Martinique et remontons le plus possible au sud pour
prendre ensuite le chenal car le vent annoncé est de sud-est donc,
presque dans le nez ! Vers 10h, nous pouvons arrêter le
moteur et mettre sous voiles. Nous sommes au près serré mais
avançons à 4,5, 5 nœuds. A 12h30, nous sommes sous le vent de
Sainte Lucie et entrons dans Rodney Bay où nous jetons l'ancre une
heure plus
tard. Petite navigation tranquille de 25 miles ! Sainte Lucie est
située au sud de la Martinique.
Elle a été découverte en 1502 et jusqu'au milieu du XVIIème
siècle, les Caraïbes restèrent les seuls maîtres de leur île. Elle
fût ensuite française vers 1660. Ensuite, de nombreux combats
entre Français et Anglais la firent changer 14 fois de mains. Elle
redevint une dernière fois française en 1802 et définitivement
britannique en 1814. Après une longue période coloniale, elle
devint membre du Commonwealth puis indépendante le 22 février
1979.
Beaucoup d'habitants parlent le français créole mais la langue
officielle est l'anglais. Elle a une superficie de 620 km². Son
relief est assez montagneux et elle est dominée par « les
deux pitons », pains de sucre volcanique dont Sainte Lucie a
fait son emblème.
Nous retrouvons nos amis Claude et Irène qui, une fois leur mât
enfin remis sur Talios, sont venus à Sainte Lucie récupérer les
voiles qu'ils avaient commandé en Chine. Tout s'est très bien
passés et ils n'ont eu aucun problème administratif. Ils sont
venus avec des amis et nous passons la soirée tous ensemble sur
leur bateau. Le dimanche, nous allons visiter la côte au vent qui
malheureusement ne présente pas grand intérêt. C'est la fête du
jazz et nous espérions voir un concert qui a eu lieu, la veille...
Dommage ! Du coup, nous revenons et nous arrêtons en bord de
plage pour aller manger. Resto sympa avec musique et bon plat de
poisson grillé. Le soir, apéro dînatoire sur Taoumé. Eh, oui,
chacun son tour !
Le lundi, une fois les formalités accomplies (nous ne les avons
pas fait le WE car il y a l'over time, c'est-à-dire une taxe
supplémentaire) nous allons à Castries, capitale de l'île, 50 000
habitants environ. Nous faisons un tour au marché et cherchons des
chaussures pour courir pour moi car on nous a dit que c'était
moins cher ici. Nous entrons dans tous les magasins de sport et de
chaussures mais rien ne convient. Les prix sont aussi chers qu'en
Martinique et lorsqu'une paire pourrait convenir, ils n'ont pas la
pointure ! Vers midi, nous allons vers le square où est donné
un concert de jazz gratuit. Nous ne trouvons pas cela terrible et
rentrons au bout d'une demi-heure. Talios sort de la marina pour
aller mouiller dans la baie et nous le rejoignons un peu plus
tard. Ils s'en vont demain et nous passons une dernière soirée
avec eux. Nous sommes très contents de les avoir retrouvés avec
leur bateau tout bien réparé et espérons les revoir bientôt.
La circulation à gauche !
Castrie, la capitale de l'île.
La savane !
La fête après la fête, beaucoup de travail pour nettoyer.
Petit accident de la vie sans dommage corporel !
Talios avec sa GV neuve qui s'en va !
Le mardi 9, après le départ de nos amis, nous chaussons les palmes et allons faire un peu de PMT (palmes, masque, tuba). Les fonds sont jolis et cela nous permet de faire un peu d'exercice pour éliminer tous ces apéritifs... Nous rentrons au bout d'une petite heure. L'après-midi, après la sieste, nous allons marcher pour voir les environs de Rodney Bay. C'est assez sympa ; il y a de jolis chemins et c'est bien aussi pour courir. Malheureusement, Claude ne peut pas à cause de son genou et Barbara n'est pas là, ce sera pour une prochaine fois. Le mercredi matin, Nono et moi allons de nouveau nager une heure. Claude préfère rester sur Taoumé et fait de la musculation. Ensuite, nous retournons dans le deuxième bassin car nous y avons le wifi gratuit et en plus, c'est plus facile pour aller faire des courses.
Une fois posés, nous allons déposer du linge à laver et partons
jusqu'au supermarché, un bon kilomètre plus loin, faire quelques
emplettes. Qui a dit que nous n'étions pas sportifs ? Nous
rentrons vers 13h, chargés de victuailles, la faim au ventre et
quand même un peu fatigués !
Nous passons le jeudi tranquille à bricoler et le soir allons
déguster une pinacolada au bord du canal. Nous avions vu que
c'était « happy hour » ce qui signifie, deux boissons
pour le prix d'une. Manque de chance, c'était juste vrai pour la
bière !
Le vendredi 12, nous allons le soir nous promener à Rodney Bay car
il y a paraît-il la fête tous les vendredi soir avec quartier
fermé à la circulation et barbecue dans les rues.
Nous y allons tranquillement en marchant. Une fois sur place, nous
sommes un peu déçus par la musique qui est beaucoup plus techno
que locale. Nous mangeons quand même qui une côte de porc qui un
poulet au barbecue et rentrons nous coucher.
Le samedi matin, le temps est couvert et de nombreux grains ne
nous engagent pas à naviguer. C'est donc le dimanche que nous
quittons Rodney Bay pour Marigot Bay, située 10 miles plus bas.
Nous partons vers 9h30 et après deux heures de navigation sous
voiles car le vent souffle bien, nous entrons à Marigot. Ici l'eau
est très claire et l'endroit bien abrité.
Deux sportif de haut niveau, Jean-Nono ne fait pas le poids !
Nous ancrons juste devant cette magnifique petite maison. Le
soir, Jean-Nono vient passer la soirée avec nous. Beaucoup de
« boat-boy », ces vendeurs ambulants qui se déplacent
soit sur une annexe soit sur une planche à voile, viennent nous
proposer des fruits. L'un d'eux, Alfred vient nous montrer des
paniers de sa confection. Ils sont très bien tressés et nous lui
en prenons. Tout en discutant, il nous confectionne un poisson et
une sauterelle avec trois feuilles de palmes. Il est très doué.
Plus tard, je m'installe dans le cockpit pour prendre le frais. Le
ciel est plein d'étoiles. Une odeur de crêpes flotte dans l'air.
Les sons d'une musique africaine remplissent l'espace. Nous sommes
bien. C'était la fête des mères aujourd'hui ici et nous avons une
pensée pour les nôtres, où qu'elles soient.
Le lundi matin, nous allons faire notre promenade sportive en PMT
puis nous allons visiter Marigot. En fait, il y a une base de
locations de charters et autour se construit une marina et une
résidence. Tout est en béton anticyclonique et recouvert de bois,
ce qui fait penser à nos chalets de montagne. Malgré tout, c'est
assez bien intégré dans le paysage. Le village de Marigot est lui,
situé sur la colline et nous peinons un peu tant la côte est
raide. Heureusement, au bout d'une petite heure de marche, nous
trouvons un bar où nous nous rafraîchissons avec la
« Piton », la bière locale. Le retour est plus facile,
cela descend !
La marche à pied permet des miracles !
Le mardi 16 au matin, nous partons à 7h30 pour aller à la
soufrière. Nous avons de la chance. Il y a un bus collectif et
cela nous évite d'aller jusqu'à la route principale. On nous a
conseillé d'aller à Castries pour prendre un autre bus pour la
Soufrière car ceux qui passent sur la route sont souvent pleins.
Nous allons donc jusqu'à Castries et de là, après bien des
détours, trouvons enfin l'endroit d'où partent les bus pour le
sud. Nous traversons deux jolis villages de pêcheurs, La Raye et
Canaries et arrivons ensuite à la ville nommée Soufrière. Nous
prenons ensuite une route qui monte et qui au bout de quelques
kilomètres nous amène au volcan. Nous avons mis nos chaussures de
marche pensant grimper, par un chemin de terre sur le volcan mais,
c'est tout du long, une route goudronnée. Nous sommes un peu déçus
car c'est en fait un volcan secondaire, qui se trouve sur un
flanc ; c'est très différent de ce que nous avions vu jusqu'à
maintenant. C'est fait pour le touriste et très canalisé mais bon,
nous ne pourrions pas le savoir si nous n'étions pas venus !
Nous allons ensuite voir le centre de recherche qui passe une
jolie vidéo d'explications.
En redescendant, nous faisons le plein de mangues ; Nous en
ramassons presque 6 kilos.
Nous reprenons la route et Claude, qui en montant a vu des papayers, voudrait en ramasser. Nous nous arrêtons plusieurs fois mais elles sont très hautes et nous ne réussissons qu'à en prendre quelques unes. Nous arrivons au village en ayant très chaud et très soif. Nous nous installons dans un petit resto, près de la plage et mangeons une bonne salade accompagnée de « pitons » bien fraîches et croyez moi, cela nous fait du bien ! Retour après avec un bus qui nous dépose devant le croisement de Marigot Bay. Nous n'avons qu'une hâte, prendre un bain ! Le soir, nous allons manger dans un endroit très sympa qui, le mardi soir, fait « steak frites, salade », le tout en musique. C'est une très bonne viande bien tendre qui nous requinque de cette journée plutôt sportive. Comme nous n'avons pas pu accomplir les formalités de sortie ce soir à cause de l'heure, nous repoussons notre départ à jeudi d'autant que nous avons pas mal de bricoles à faire avant de partir.
Toujours à pied !
Le mercredi matin, personne n'a vraiment envie de faire une séance
de PMT aussi repoussons nous cela à l'après-midi, si nous avons le
temps. J'attaque la préparation des mangues ; épluchage et
découpage puis je les laisse macérer dans du sucre de canne et de
la vanille quelques heures avant de les transformer en confiture.
Claude de son côté, nettoie l'annexe car il a plu dans la nuit et
il profite de l'eau douce. Lorsque je veux allumer le gaz, plus de
gaz ! Le problème est que nous avons changé la bouteille il y
a à peine huit jours donc nous avons une fuite. Déjà, la dernière
bouteille n'a duré que la moitié de son temps mais nous avions
pensé que c'était une bouteille mal rechargée, là, ce n'est plus
la même histoire. Il faut tout vérifier et démonter. Nono vient
donner un coup de main à Claude ; ils démontent les robinets,
graissent les joints et pensent que cela peut venir de là.
Seulement, nous n'avons plus de petite bouteille pleine donc nous
ne serons sûrs que lorsque nous aurons des petites bouteilles. En
attendant, nous mettons en service une grosse et je fais cuire mes
confitures.
C'est la vrai couleur de l'eau, noir !
Les bouches d'eau chaude et les chèvres qui cherche à manger !
Claude vérifie le pilote qui fait du bruit. Il regarde d'abord le
niveau du liquide hydraulique puis ensuite le démonte car cela ne
vient pas de là. Il s'avère qu'un aimant s'est décollé dans le
moteur électrique, panne rarissime qui engendrait ce bruit.
Heureusement, rien de grave car dès que nous avons entendu le
bruit, nous avons évité de nous servir du pilote. Du coup, un
petit brossage du corps et un coup de peinture, recollage de
l'aimant et remontage du pilote qui semble tout neuf. Quelle
journée !
Pendant que Claude s'occupe d'Oscar, nous allons avec Jean-Nono
faire les formalités et ensuite le plein d'eau. Nous avions
demandé à un canadien très sympa si c'était possible de faire de
l'eau et il nous avait dit oui en payant un petit quelque chose et
là, lorsque nous avons voulu le payer, il nous a
dit : « oh, la prochaine fois que vous viendrez à
Sainte Lucie » Vraiment sympa décidément ce canadien. En fin
d'après-midi, en ouvrant, le coffre, je sens une odeur de gaz.
Nous fermons la bouteille et trouvons cette fois une fuite bien
visible. Une grosse bulle de savon se forme à la jonction d'un
robinet. Bon, en attendant d'avoir un chalumeau pour réparer, nous
ne devons pas oublier de fermer la bouteille après chaque
utilisation. Au moins, c'est sûr, nous avons localisé la fuite et
ça, c'est une bonne chose. Non, non, on ne s'ennuie pas sur un
bateau !
Voilà, nous quittons Sainte Lucie demain et le prochain récit vous
arrivera certainement d'Union, dernière île des Grenadines où nous
ferons escale avant Trinidad.
Merci Cathy pour ce beau témoignage d'aventurière :-)
Levé avec le soleil pour cette longue traversé de 66 milles en
douze heures trente de navigation, le moteur a comblé le vent sous
les îles et l'arrivée à 18h dans la bai de l'Admiralty sur l'île
de Bequia est un enchantement. La visite commencera demain car
avec tout ça, j'ai faim et me prépare un bon repas puis au lit !
La suite sur la visite des Grenadines sur le Chapitre 28.
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