La Première Sortie de Balade

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La première sortie en mer avec son premier bateau reste un moment inoubliable, je suis enfin libre de mon destin, je m'enivre du plaisir de naviguer sur la mer en totale liberté !

21 juillet 2001 - De la mer au Rhône

Un itinéraire relativement simple pour commencer, Port Camargue, pour faire connaissance, Port Gardian et enfin Port Saint-Louis-du-Rhône.
Donc la première sortie à destination de Port Camargue à quelques milles seulement de La Grande Motte, vu l'heure tardive (17h30).
Pas de problème pour localiser l'entrée du port, la digue d'entrée est visible de loin et la visibilité est excellente, une heure plus tard je suis dans le bassin des visiteurs et j'entreprends, en solo, de prendre une bouée et d'attacher Balade à quai avec un vent de travers bien gênant, mais il n'y a pas grand monde dans le bassin et je peux prendre mon temps. Et la je ne me suis pas gêné, une heure pour faire la manœuvre, la bouée étant à vingt cinq mètres du quai, l'aussière avant un peu courte, le vent de travers, impossible d'arriver au quai au moteur. Heureusement un passant a attrapé mon bout et l'a attaché, j'ai pu finir sans autre problème l'amarrage.
Port Gardian, pour la deuxième sortie et visite des Saintes-Marie-de-la-Mer. Petit port tranquille où la place est comptée. L'expérience de la pendille, sale et vaseuse, est une chose que j'ai apprise très vite, le lavage du pont est obligatoire après, mais maintenant je maîtrise la chose, je me suis équipé pour éviter de tout salir, gant et seau d'eau...
Pas de souci, pour cette balade en mer et apprentissage de la prise de quai en solitaire, en prenant le temps nécessaire à chaque manœuvre, je suis arrivé à chaque fois à mes fins sans taper (ouf), la patience est une vertu qui n'est pas toujours facile à maîtriser quand le vent s'en mêle.

Le
        pont et l'écluse juste derrière Port Saint-Louis-du-Rhône où l'escale était juste prévue pour le passage de l'écluse, écluse qui fut impossible à passer le 24 juillet ; pourtant, j'étais à l'heure devant les portes de l'écluse, mais, le préposé de l'écluse a refusé de me laisser passer ! Donc, attente au port de Saint-Louis une nuit pour un passage le lendemain à 12h20 seulement !
Le temps de passage est très long (45 minutes) : la durée moyenne d'un éclusage, "une bassine", est de 20 minutes.
L'écluse de Saint-Louis-du-Rhône est la plus remarquable, c'est la seule où il faut passer à des horaires fixes, où les plaisanciers sont ignorés, où il faut attendre le bon vouloir de ces messieurs alors que c'est celle où le niveau est le plus faible (moins de quelques centimètre au moment du passage). Toutes les autres écluses du Rhône (et même sur les autres canaux) se passent sans attente, seul ou en groupe, pourquoi une telle différence ? Telle est la question !

24 juillet 2001 - Le Démâtage

Après avoir passé cette fameuse et première écluse et juste en sortant de celle-ci, je me suis arrêté chez 'Jean-Louis' pour démâter. C'est un petit chantier naval où le propriétaire réalise des petites barques en bois et rend service en réalisant le démâtage/rematâge avec sa petite grue, ambiance locale garantie dans la bonne humeur.
Préparation du voilier pour cette étape importante : le démâtage.
Il faut aligner les goupilles pour les sortir sans forcer, préparer l'endroit où sera déposé le mat avec des planches solides et des protections (des morceaux de moquette dans mon cas).
Pour démâter avec la grue, il faut poser un gros cordage entre les deux barres de flèche, donc monté au mat mais, dans l'inventaire, la chaise de mat était totalement hors service. Après une tentative, j'ai réussi à monter assez haut pour passer le bout et l'accrocher au crochet de la grue, après, c'est assez facile, la grue maintient le mat pendant que j'enlève les goupilles des différents ridoirs.
Je réunis les haubans au pied du mat, je termine par l'enrouleur et son étai, puis la grue entre en action, le mat est soulevé en douceur de sorte que l'enrouleur ne touche pas le pont et soit amené au pied de mat. Ensuite, on bloque les haubans, l'enrouleur et le pataras sur le mat avec une drisse et le tout est avancé vers le balcon avant afin de le poser sur la planche fixée au préalable. Le mat est ensuite descendu sur le pont du bateau pour sa pose finale sur les supports prévus à cet effet sur le balcon avant et arrière. Durée de l'opération, moins d'une demie-heure. Ensuite, il faut attacher les haubans et les drisses tout au long du mat, puis le mat lui-même pour qu'il ne bouge pas.
Trois heures plus tard, le bateau est prêt pour la remontée du Rhône. Suivra la remontée de la Saône à partir de Lyon, le canal de la Saône à la Marne. Ensuite, on descend le canal latéral à la Marne pour finir sur la Marne et l'arrivée sur le quai de Neuilly-sur-Marne, ou Balade va subir une deuxième période de révision, intérieure cette fois ci. Vaste programme.

25 juillet 2001 - La remontée du Rhône

Le plus
      gros barrage du Rhône

Tout commence par la remontée du Rhône à partir de la première écluse de 'Port Saint-Louis-du-Rhône', kilomètre 326 (de Lyon). Le Rhône est très large et il n'y a pas de difficulté de navigation, si ce n'est le respect des signalisations fort simples en fluviale. Par contre, le courant dû aux différentes centrales électriques est important, de 3 à 5 km/h. La vitesse de remontée est donc limitée par la puissance du moteur d'un coté et par le débit du Rhône de l'autre, la moyenne s'établit à 8 km/h entre les écluses, peu nombreuses sur le parcours, mais très imposantes avec 20 à 28 mètres de dénivelé et plus de 190 mètres de long, Balade est bien petit dans ces ascenseurs à péniches.
L'une des grosses impressions que l'on à en remontant le Rhône est que cela n'est absolument pas fait pour la plaisance, rien n'est aménagé pour cela, peu de pontons plaisance (3) sur le parcours, où les haltes son posées après de longues distances, sans arrêt possible dans les lieux de passage pourtant intéressants à visiter. Donc, on avance, on avance, on avance !

Le
        célebre pont d'Avignon Sur le Rhône, trois haltes sont particulièrement intéressantes : le port de Vivier, bien abrité du courant du Rhône et facile d'accès. Les pontons sont tout neufs et la ville est juste à coté, pour une balade à pied ou en vélo. Puis Avignon et le Rocher de Glun.
Pour arriver à Avignon, il faut bifurquer à droite après le pont qui traverse le Rhône. Le pont d'Avignon et le Palais des Papes, très belle escale ou j'ai refait aussi du gasoil. Pour la suite du parcours, il faut redescendre le fleuve jusqu'au pont puis bifurquer sur la gauche et reprendre le grand lit du Rhône.
La halte de la Roche de Glun, ou il est prévu de mettre un ponton, car la profondeur du quai actuel n'est que d'un mètre seulement. Très calme, totalement protégé du courant et des péniches, le village est juste à coté et le lieu est très paisible, très bien pour une bonne nuit de sommeil et une bonne balade à pied ou à vélo.



Port de
        la Roche de Glun Arrivée à Lyon, après la dernière grosse écluse "Pierre-Bénite", c'est la sortie du Rhône au kilomètre 0, pour passer sur la Saône en plein milieu de Lyon et kilomètre 0 de la Saône.
Cela fait prés de 326 kilomètres parcourus, 13 écluses de 195 m de long par 12 de large, en 10 jours dont 3 jours d'arrêt ; ce premier périple fut rapide et sans mauvaise surprise.
L'anecdote que je retiens pour ce passage est le fait que, dans une écluse, le préposé que l'on ne voit jamais est descendu de son perchoir à plus de 30 m de haut pour venir me poser une question : Bonjour, avez-vous passé la précédente écluse ? Je ne comprends pas le sens de la question, puis je répond : je ne serais pas là sinon ! Il me signale simplement que le préposé de l'écluse précédant ne m'avait pas vu passé... Là on se sent petit !



3 août 2001 - La Remontée de la Saône

Après la bifurcation sur la Saône au sud de Lyon, un arrêt sur les quais s'impose pour la visite du quartier "Perrache", à la recherche d'une librairie pour acheter la guide de la Saône que je n'avais pas trouvé à La Grande Motte.
Après de multiples visites, j'ai enfin localisé le lieu de vente qui n'est pas facile à trouver. En fait, il y a bien un shipchandler, mais il est fermé, en poursuivant le chemin, j'ai trouvé mon bonheur sur la péniche de ravitaillement en carburant qui accueille pendant les vacances du ship la documentation et quelques éléments d'accastillages, ouf !
La Saône est plus accueillante que le Rhône, il y a plus de pontons pour les haltes, moins de péniches, pas de courant et les écluses sont de taille plus humaine.
La halte recommandée est sûrement le premier port fluvial de France, à savoir 'Saint-Jean-de-Losne'. Le nombre de bateaux est vraiment impressionnant et la taille des ports aussi, c'est le début du canal de Bourgogne, un peu plus loin le début du canal de la Saône à la Marne. Donc, un lieu stratégique pour les loueurs et autres services bien pratiques, comme les ateliers de réparation, les grues et cales sèches.
J'en profite pour resserrer la culasse et contrôler le moteur qui tourne comme une horloge. Une petite visite à la ville, l'une des plus petites de France et le lendemain, je repars pour le canal de la Saône à la Marne, à trois écluses d'ici, kilomètre 255.
Pour cette étape, 8 écluses plus petites, 41 m x 8 m, et 255 kilomètres en 7 jours.

9 août 2001 - Le canal de la Saône à la Marne

Juste après la troisième écluse après 'Saint-Jean-de-Losne', on tourne à gauche sous un pont. On quitte la Saône pour le canal de la Saône à la Marne. Beaucoup plus étroit, même les écluses sont étroites, 38 m de long sur 5 de large, le format Fressinet, soit moins d'un mètre de chaque coté, il faut viser le milieu et jouer avec le vent latéral toujours gênant.
Bien entendu, ce n'est toujours pas étudié pour la plaisance, les écluses sont remplies de béton et de ferraille inhospitalière au possible. On n'a pas le choix, alors on avance...
Quelques haltes très sympathiques sont disséminées sur le parcours où les plaisanciers de passage, que j'ai rencontrés, sont amicaux. Le nombre d'écluses augmente de façon importante, une tout les deux kilomètres.

L'entrée du tunnel ! Pas de ville importante avant de passer le grand tunnel de 'Balesmes' long de 4 820 mètres avec ses huit écluses automatiques de plus de 5 mètres de dénivelée, fatiguant et long.
Ce tunnel passe sous la source de la Marne et marque un point important pour moi, on ne monte plus, on descend, là il y a une grande différence : plus besoin de tenir le bateau avec force, plus de remous lors du remplissage de l'écluse. Cela devient très calme, descente simple et reposante, moins de stress de voir le voilier partir vers l'autre bord. Mais un autre problème surgit, les bassins sont quelquefois trop pleins et les pare-battages ne touchent plus les bords ! Attention au bas de la coque qui peut toucher les bords sans aucune protection !





La
        sortie du tunnel avant la nuit La sortie du tunnel après 45 minutes : faire attention à ne pas toucher les bords car le tunnel ne fait que 5 m de large, heureusement éclairé, mais c'est récent !
En fait, ce tunnel est une longue ligne droite fraiche où le temps n'existe que par le ronronnement du moteur, éclairé par les luminaires espacés, le point infini de la sortie qui ne grossit pas.
Le paysage change doucement et les oiseaux sont nombreux le long de ce canal, la traversée de quelques villes importantes avec des arrêts plus ou moins aménagés sont possibles.
C'est ainsi que j'ai visité la ville de 'Langres' avec sa forteresse qui domine le canal et la région ; très dure la montée en vélo.
La halte est très bien aménagée avec eau et électricité gratis.



L'arrêt
        de Langres La ville suivante est 'Chaumont', puis le petit port de 'Saint-Dizier' ou je me reposerais le 15 août, avec un petit restaurant le soir.
La suite du parcours représente de longue ligne droite jusqu'à 'Vitry-le-François' où je me suis arrêté pour refaire le plein de gasoil et passer la nuit. J'ai rencontré une Américaine sur un grand bateau de type hollandais, très charmante, un Anglais sur un bateau de moins de 5 mètres, tout aussi sympathique.
Après 'Vitry', on passe du canal de la Saône à la Marne au canal latéral à la Marne.
Soit 114 écluses, 224 kilomètres parcourus en 7 jours, plus un jour de repos bien mérité et une moyenne qui s’établit à 16 écluses/jour en solitaire !




16 août 2001 - Le Canal Latéral à la Marne

Des
      ponds levis et des tunnels

Le canal latéral à la Marne rejoint la Marne à 'Epernay', au kilomètre 66 et après avoir passé 15 écluses de 38,50 x 5 mètres.
Une multitude de ponts levants et un autre tunnel, avec au fond l'écluse qui nous attend.
Un agent de VNF (Vois Navigable de France) nous suit pour actionner les écluses, lever les ponts, les faire tourner, à la main ou quelquefois électriquement, vraiment un autre monde.
La grande ville traversée par le canal est 'Chalons-en-Champagne', où je me suis arrêté ; le soir j'ai assisté à un concert du groupe "Percubaba", un mélange de rock et de rap, avec 9 musiciens, de très bonne qualité. Voyage rapide vu le peu d'écluses, deux jours suffiront pour passer cette branche de canal.


18 août 2001 - La Marne

Arrive la Marne et pratiquement la fin du voyage, mais plein de surprises.
La première est une petite embarcation de moins de 5 métres avec 5 personnes à bord qui me double au sortir d'une écluse avec un moteur de 65 CV qui crache une fumée noire et malodorante au possible.
La deuxième est l'arrivé dans la première écluse à bord incliné avec heureusement un ponton flottant où l'on peut s'amarrer. Ce sont de très vielles écluses construites sous Napoléon et qui sont classés monuments historiques.
A l'écluse numéro 5, impossible de continuer : trop de vent, donc arrêt avant l'écluse, balade et repos. D'autres bateaux font de même et nous discutons des problèmes que soulève la plaisance sur ses canaux qui sont peu aménagés pour cela ; par contre la taxe est assez dissuasive, à 130 euros les 30 jours discontinus, c'est beaucoup plus cher que la taxe annuelle de francisation pour un an. Nous sommes bien Français, nous nous plaignons pour un service qui n'est pas à la hauteur du prix, c'est dommage car avec un peu d'aménagement se serrait une très belle chose que de visiter la France tranquillement sur l'eau.
La ville suivante est 'Château-Thierry' avec une très belle forteresse, que j'ai visitée à vélo avec une montée très raide.
Puis viens la ville de 'Meaux', dans le nouveau port, où je rencontre à nouveau des plaisanciers déjà croisés ; un petit apéro et dodo.
Le lendemain, c'est l'arrivé au port de 'Neuilly-sur-Marne', terme de ma remontée. Pour cette fin de parcours, 15 écluses passés et une distance de 230 kilomètres en 5 jours.

Quelques Chiffres

Au total 1 035 km, 158 écluses, 185 heures de moteur, 160 litres de gasoil en 30 jours dont 5 jours de repos. Une belle balade et des paysages remarquables ; dommage que la mise en valeur de ce patrimoine ne soit pas réalisée par l'administration VNF !

22 août 2001 - Neuilly-sur-Marne

J'avais contacté la mairie de 'Neuilly' pour connaître la disponibilité de places de port et il n'y avait pas de problème pour eux. Arrivé au port, pas de place ! Après discussion avec le responsable local, il n'était pas au courant de mon arrivée, aucune information n'a été transmise par la mairie, normal quoi !
Je me suis amarré au ponton d'accueil et j'ai commencé à vider le bateau des éléments qui risque d'être volés et des encombrants comme l'échelle d'accès, la bôme, le tangon, la patte d'oie du pataras, le hale-bas rigide. Et, dans l'attente d'une solution pour la place de port, j'ai discuté avec mes nouveaux voisins de bateau, afin de trouver une solution.
La Marne
        en crue En fait, une place était disponible et nous avons déplacé le bateau, car le ponton d'accueil était vraiment mal desservi. Il fallait utiliser un petit canot sans entretien et qui était régulièrement plein d'eau pour passer du quai au ponton d'accueil ; bizarre et dangereux sont les termes qui me viennent à l'esprit.
Sur la Marne, les crues sont courantes, mais là elle est vraiment haute, les berges sont bien inondées.
Le problème de la place de port résolu, j'ai commencé les grands travaux :


De quoi travailler tout l'hiver sans voir le temps passer !
La suite sur le Chapitre 3.

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